Le terme de prurigo s'applique à des dermatoses prurigineuses excoriées, sans spécificité histologique, et recouvre de nombreuses entités, aigues ou parfois chroniques, cause ou conséquence d'un grattage parfois féroce.
Chez l'enfant, si l'on excepte les prurigos atopiques, les rares prurigos circonscrits des névrodermites, les exceptionnels prurigos actiniques (photo induits), le prurigo strophulus (PS) est la forme la plus fréquente, secondaire à des parasites. À la différence de l'adulte, le prurigo psychogène est exceptionnel chez l'enfant.
Ce PS touche l'enfant entre 2 et 9 ans, souvent atopique, souvent associé à des conditions socio-économiques défavorisées. Il se manifeste par des poussées de lésions très prurigineuses, surtout sur les parties découvertes et les zones de striction vestimentaire. Il s'agit de papules érythémateuses de quelques millimètres, plus ou moins œdémateuses, sur lesquelles peut apparaître une vésicule centrale (qui restera ferme contrairement à la varicelle), voire parfois une bulle. Ces papules sont rapidement excoriées par le grattage, et conduisent à la formation de croûtes. Les lésions sont donc d'âges différents. La disposition des lésions, linéaires ou en groupement, est très évocatrice. Elles peuvent parfois se surinfecter.
Le PS est dû à une hyperergie par hypersensibilité retardée à des parasites du vaste embranchement des arthropodes (en particulier de l'ordre des acariens). La contamination se fait à partir de végétaux (larves hématophages de Trombicula autumnalis ou aoûtats) et surtout d'animaux tels que le chien (Sarcoptes scabiei canis, Cheyletiella du chien ou Cheyletiella yasguri), le chat (Cheyletiella blakei), ou les pigeons (Dermanyssus gallinae), voire des classiques acariens à la poussière de maison (Dermatophagoides pteronyssinus).
Il peut s'agir également de piqûres de puces humaines (Pulex irritans) ou d'animaux (chats, chiens... puces qui ne piquent que de façon transitoire, n'étant pas adaptées à l'homme), sur les régions couvertes par les vêtements. Les puces dites de parquet sont parfois en cause. Très agressives, elles se réveillent de leur cocon après plusieurs mois, sous l'influence de la lumière ou des vibrations. Les lésions siègent souvent sur les pieds et les jambes. De disposition parfois linéaire, elles sont alors volontiers d'aspect urticarien avec parfois un centre purpurique, voire nécrotique.
Les piqûres de punaises surviennent surtout la nuit au contact de la literie. Les punaises sont présentes dans les vieux matelas ou les fissures de la chambre et sont détruites par une désinfection des locaux.
Enfin évoquer le prurigo provoqué par l'acarien de la gale, ou des pédiculoses du cuir chevelu (à rechercher systématiquement en cas de lésions de grattage de la nuque chez l'enfant).