D'après un consensus international, le terme de " syndrome de l'enfant secoué " se rapporte à l'ensemble des traumatismes crâniens observés chez le nourrisson dans le cadre de sévices à enfant. Ce syndrome constitue la cause la plus fréquente des traumatismes crâniens graves de l'enfant avant l'âge de un an.
Le mécanisme invoqué est celui de secousses d'une extrême violence infligées au nourrisson entraînant des mouvements d'accélération et de décélération au niveau de la boite crânienne. En aucun cas, il ne peut s'agir d'un jeu ou d'une maladresse.
La démarche diagnostique logique procède par étapes :
1. Diagnostic d'une pathologie crânienne : 2 grandes circonstances cliniques généralement chez un nourrisson âgé de moins 1 an, plus rarement jusqu'à 2 ans :
- Circonstance aiguë avec un malaise grave d'apparition brutale ou en tout cas très rapide, orientant rapidement vers une étiologie neurologique (convulsions, troubles de la conscience, hypo ou hypertonie) avec apparition aiguë de signes d'hypertension intra-crânienne (HTIC) (vomissements, geignement, bombement de fontanelle...) et éventuellement pâleur (anémie). L'enfant est amené aux urgences ou directement en service de réanimation. Aussi, le diagnostic doit être envisagé en cas de mort inattendue du nourrisson (cf fiche correspondante).
- Lors d'un examen systématique ou effectué en raison de signes évocateurs d'HTIC d'évolution plus chronique : macrocranie, augmentation trop rapide du PC, bombement de la fontanelle, regard en coucher de soleil, vomissements...
Dans les deux cas, des investigations complémentaires sont urgentes et permettront rapidement de poser le diagnostic de lésion intracrânienne (hématome sous-dural (HSD), hémorragie méningée, contusion cérébrale...).
2. Diagnostic étiologique de cette pathologie crânienne :
- l'étiologie de ces hémorragies chez un nourrisson est traumatique dans l'immense majorité des cas ;
- les rares autres étiologies (anomalies de la coagulation sanguine, malformation vasculaire, troubles métaboliques...) doivent être systématiquement évoquées et éliminées avant de retenir le diagnostic de secouage.
3. Diagnostic de l'origine du traumatisme crânien :
- le traumatisme a soit une origine accidentelle connue (chute, accident de la voie publique...),
- soit volontaire (maltraitance),
- soit involontaire et inadaptée (maladresse, panique provoquée par un malaise grave...)
4. Diagnostic de traumatisme crânien non accidentel :
Dans tous les cas, en dehors de pathologie médicale concomitante, la survenue de telles lésions intracrâniennes est imputable à un geste violent pour lequel il va falloir déterminer si on est dans un cadre de malveillance ou de négligence justifiant une transmission aux autorités compétentes. (cf fiche spécifique).
L'histoire rapportée par les parents n'est alors jamais concordante avec l'importance des lésions observées (absence d'explication adéquate, implication d'un tiers ou chute minime) ; d'autres personnes peuvent avoir gardé l'enfant telle qu'une assistante maternelle.
L'examen de ces enfants sera bien évidemment complet à la recherche d'autres signes de maltraitance : signes cutanés (hématomes, brûlures, cicatrices non expliquées....) signes de négligence (mauvaise hygiène, malnutrition ....)....(cf fiche spécifique).