Pathologies - Pédiatrie

Lors d'une infection maternelle, les agents infectieux peuvent passer dans le lait avec possibilité d'infecter l'enfant. Il sera donc utile d'évaluer le bénéfice/risque de la poursuite de l'allaitement. En effet,  il ne faut pas oublier que si le lait maternel contient parfois des germes, il contient aussi toujours des agents anti infectieux non spécifiques ou spécifiques grâce aux cycles entéro et broncho mammaire, aidant l'enfant à ne pas être malade ou guérir plus rapidement en cas d'infection.

La mère sera le plus souvent inquiète par la prise de médicaments et peu encouragée par l'entourage familial et professionnel. Notre rôle consistera à éventuellement prévoir des aides à domicile (aides ménagères ...), lui apprendre à extraire le lait selon les circonstances et avoir une écoute attentive. L'allaitement sera poursuivi ou suspendu, temporairement ou définitivement, en fonction du risque de transmission du germe infectieux et/ou du risque thérapeutique.

1. LES MALADIES CONTRE INDIQUANT DEFINITIVEMENT L'ALLAITEMENT MATERNEL

HIV :

• Le risque de transmission par le lait maternel étant prouvé, l'AM est contre indiqué dans les pays ou l'alimentation avec les préparations pour nourrissons est faite dans de bonnes conditions, donc essentiellement dans les pays développés.
• La pasteurisation du lait maternel infecté pourrait être donné au biberon sans risque de contamination mais ce procédé est peu appliqué.  

HTLV1 et 2 :

• Le passage du virus dans le lait et sa transmission a été prouvé.
• Le risque de transmission est variable selon la durée de l'allaitement et selon la réponse immunitaire de la mère infectée.
• La congélation détruit le virus

      2.     LES MALADIES NECESSITANT UNE SUSPENSION TEMPORAIRE DE L'ALLAITEMENT MATERNEL

Fièvre inexpliquée

• La fièvre est un symptôme et n'est pas une contre indication en tant que telle, quel que soit son niveau.
• Il faudra réfléchir au pourquoi de cette fièvre.
• Il faut éviter de suspendre l'allaitement le temps du bilan. Si on suspend l'AM, en fonction de la cause supposée de la fièvre, il faut tirer le lait pour maintenir la lactation.

Varicelle zona

• La varicelle est potentiellement dangereuse pour le nouveau né si la mère contracte la maladie 5 jours avant la naissance ou 2 jours après. Il faudra alors isoler la mère de l'enfant le temps de la contagion, c'est-à-dire 7 à 10 jours. La mère étant contagieuse avant l'apparition de l'éruption, la surveillance de l'enfant doit être étroite. Pendant la séparation, le lait sera extrait et donné à l'enfant,  la transmission virale se faisant  par contact direct et non pas par passage de virus dans le lait.
• En cas de zona, la mère devra respecter des règles d'hygiène stricte avec lavage des mains et éviter tout contact direct puisque là encore la contamination ne se fait pas par le lait mais par contact direct.  En cas de lésions sur les seins, le lait sera extrait et donné à l'enfant.

Tuberculose

• Le nouveau né de mère atteinte de tuberculose pulmonaire active doit en être isolée jusqu'à ce que l'infection ne soit plus contagieuse donc après au moins 2 semaines de traitement.
• Le lait exprimé peut être donné. Se posera toujours la compatibilité du traitement avec des prises bien déterminées par rapport aux tétées afin de limiter l'absorption du médicament par l'enfant.
• Dans les allaitements prolongés, il sera nécessaire de doser le médicament dans le lait, plasma et urines de l'enfant
  

      3.    LES MALADIES NE CONTRE INDIQUANT PAS L'ALLAITEMENT MATERNEL
Les infections courantes

• Pour la plupart des infections courantes bactériennes ou virale ORL, pulmonaire ou digestive ou autres (angines, bronchites, grippe, gastroentérites, infections urinaires.... ), la contamination n'est pas lactée mais manu ou aéroportée.
• Suspendre l'allaitement n'a donc aucun sens d'autant que cela privera l'enfant des bienfaits immunitaires du lait maternel. En revanche, il sera nécessaire d'expliquer à la mère les mesures d'hygiène à respecter pour éviter la transmission des maladies.

Herpès

• L'herpès est transmis par contact direct et l'AM ne sera pas contre indiqué même en cas de primo infection.
• Des précautions drastiques seront à prendre pour éviter le contact direct : lavage des mains, port de masque en cas d'herpès labial.
• En cas  de lésions sur un sein,  extraire le lait et le donner à l'enfant est possible. Sur l'autre sein  indemne, l'allaitement direct est autorisé.

Cytomégalovirus

• Le passage dans le lait du virus est prouvé et l'enfant peut donc être contaminé.
• Ceci est sans risque pour un enfant né à terme.
• En revanche, des précautions seront à prendre en cas de grande prématurité.
• La congélation diminue la charge virale,  la pasteurisation la supprime.

Hépatite B

• La contamination materno fœtale se fait essentiellement par les sécrétions lors de l'accouchement : liquide amniotique, sang et sécrétions vaginale. Du virus a été retrouvé dans le lait donc la contamination lactée reste possible.
• Les enfants allaités bénéficieront du même protocole de sérovaccination que les enfants non allaités avec injection précoce dans les 12h qui suivent la naissance d'immunoglobulines et vaccination à 4 injections (0, 1, 6 et 12 mois de l'enfant).
• La vaccination est efficace à 95% et l'allaitement maternel n'augmente pas le risque de contamination.
• Elle est donc recommandée dès la naissance sans restrictions, surtout en cas de forte contagiosité (Ag HBS,  Ag HBe et ADN viral positif).

Hépatite C  

• Le risque de  transmission materno fœtale est estimé à 2 à 5 % il est majoré en cas d'infection associée par le VIH et en cas de charge virale VHC très élevée.
• Du virus a été retrouvé dans le lait avec des concentrations beaucoup plus faible que dans le plasma.
• Les études menées depuis de nombreuses années ont montré que l'allaitement maternel n'augmentait pas le risque de contamination et donc la transmission de virus de l'hépatite C via le lait maternel n'est pas prouvé.
• Il n'y a donc pas de contre indication à l'allaitement maternel.

Conclusion

 - Aucune maladie infectieuse courante ORL, pulmonaire, digestive ou urinaire bactérienne ou virale ne contre-indique l'AM.
 - L'hépatite B ne contre indique pas l'AM à condition que la vaccination et les immunoglobulines  soient faite rigoureusement
 - L'hépatite C n'est pas une contre indication
 - Le CMV n'est pas contre indiqué mais des précautions seront à prendre en cas de grande prématurité
 - Certaines maladies nécessiteront une suspension provisoire : varicelle néonatale, tuberculose en phase contagieuse, une fièvre inexpliquée.
 - Les infections sévères (septicémie, choc septique...) conduisent à l'arrêt de l'allaitement en raison de l'état de la mère.
 - Le HIV et le HTLV sont des contre indications dans notre pays
 - Une réflexion individualisée autour de la thérapeutique sera indispensable. Les antibiotiques courants (pénicillines, β-lactamines, céphalosporines, macrolides, imidazoles), s'ils sont utiles, sont compatibles avec l'AM qui doit être poursuivi.