L'abus d'antalgique de palier 2 (codéine, tramadol) est possible chez un adolescent :
- L'adolescence est une période de transition marquée par des modifications physiques et psychiques pouvant induire un « mal être » et conduire à des addictions diverses (alcool, drogues, médicaments antalgiques morphiniques).
L'abus d'antalgiques est favorisé par :
- Une automédication sans contrôle parental
- La présence fréquente de médicaments antalgiques de palier 2 en grandes quantités et en libre accès dans la pharmacie familiale
- Un recours inapproprié aux médicaments antalgiques de palier 2 pour des douleurs liées à une activité sportive intense, prolongée ou de haut niveau ou pour des douleurs qui relèvent d'un palier 1
- La banalisation de cette classe de médicaments par méconnaissance des effets secondaires.
Quand penser à un abus d'antalgique de palier 2 ?
Les médecins et l'entourage familial peuvent être amenés à penser à un abus d'antalgiques de palier 2 ou à une dépendance à ces médicaments devant :
- Une consommation inappropriée et prolongée
- Des demandes répétées et injustifiées de prescriptions
- Un abus plus ou moins conscient d'antalgiques ou de psychotropes chez les parents
- Apparition d'un contexte anxieux ou dépressif
Comment détecter un abus d'antalgique de palier 2 ?
Le médecin peut être alerté devant :
- La survenue d'effets secondaires tels que :
- nausées, vomissements
- sensation vertigineuse (désagréable pour l'adolescent, qui pense alors à une aggravation de son état, tout comme ses parents)
- sensation de fatigue voire somnolence
- myosis inhabituel - La survenue de signes de toxicité propres de la molécule liés à un surdosage (bradypnée, rétention d'urines)
- L'apparition d'un contexte anxieux ou dépressif
- La plainte d'un adolescent d'avoir une sensation de malaise quand il diminue sa consommation, signalant ainsi un certain degré de dépendance.
Quelle attitude adopter ?
Chaque fois qu'un abus d'antalgiques de palier 2 est suspecté, il importe pour le médecin d'en appréhender la motivation principale pour adapter sa prise en charge (équivalent d'une conduite addictive ou douleur insuffisamment prise en charge).
- Réévaluer l'intensité de la douleur et son environnement
- Demander une réévaluation de la maladie somatique responsable de la douleur
- Demander une évaluation psychologique devant une :
- majoration de la plainte douloureuse sans raison somatique apparente
- symptomatologie dépressive
- situation à risque suicidaire - Proposer des thérapeutiques non médicamenteuses : kinésithérapie, relaxation
- Recourir à un centre antidouleur
- Envisager un sevrage progressif
Un abus d'antalgiques de palier 2, en cas de migraines, peut conduire à des céphalées médicamenteuses nécessitant une prise en charge spécifique, parfois en hospitalisation.
La recherche compulsive d'un produit doit toujours inquiéter le professionnel.