Outre la douleur, la survenue d'une brûlure chez l'enfant provoque un choc émotionnel et un traumatisme psychologique qu'il convient également de prendre en compte.
Un premier soin (au cabinet libéral ou en milieu hospitalier) qui s'est passé dans les meilleures conditions possibles permet une prise en charge ultérieure plus facile.
1. Apprécier l'étendue de la brûlure et son degré
Une brûlure du premier degré, érythème simple, ou du deuxième degré, présence de phlyctènes ou aspect rouge vif, humide et suintant évolue entre 2 et 10 jours vers une restitution ad integrum du revêtement cutané
Les brûlures circulaires peuvent engendrer un phénomène de garrot avec risque d'ischémie périphérique et nécessitent une surveillance continue (des incisions de déchargent pourraient être pratiquées).
2. Apprécier l'intensité de la douleur
La douleur est d'autant plus intense que la zone concernée est plus sensible.
Les cris et pleurs ne sont pas spécifiques de l'intensité de la douleur. Ils reflètent aussi l'angoisse de l'enfant.
Par l'auto-évaluation de l'enfant, possible à partir de 4 ans :
- utiliser une échelle verbale simple : « j'ai mal un peu, beaucoup, énormément »
- lui faire quantifier avec les mains (mains collées ou très rapprochées = douleur peu intense, mains très écartées = douleur très intense)
- par une auto-évaluation avec l'échelle EVA et celle des visages (voir échelles utilitaires douleur)
Par l'hétéro-évaluation s'il existe une discordance entre les scores précédents :
- recourir à des échelles comportementales comme l'OPS (objective Pain Scale) ou l'échelle CHEOPS (Children's Hospital of Eastern Ontario Pain Scale)
- garder les mêmes outils d'évaluation pour le suivi. (voir échelles utilitaires douleur)
3. Gestes de confort
- Installer confortablement l'enfant (doudou, tétine, lui parler, lui raconter une histoire)
- Etablir une relation de confiance
- Rassurer l'enfant
- Le réconforter
- Lui expliquer le déroulement des soins et le prévenir des gestes
- Encourager la présence des parents pendant les soins, s'ils le désirent, est souhaitable car rassurante pour l'enfant (par leurs encouragements, leurs caresses, leurs paroles apaisantes) et pour les parents eux-mêmes
4. Traitement antalgique
Antalgique de palier 1 : voir [prescrire un antalgique de palier I]
- Paracétamol à la dose de charge de 30mg/kg par voie orale ou rectale ou
- AINS
Ne pas hésiter à débuter par un Antalgique de palier 2, si la douleur est modérée : voir [prescrire un antalgique de palier II]
- Paracétamol associé codéine per os (Codenfan® à la dose de 0,5 à 1 mg/kg)
- Efféralgan codéiné® si l'enfant pèse > 15 kg
- Tramadol à partir de 3 ans sous forme de soluté buvable
- Prescrire le traitement pendant 48 heures à raison d'une prise toutes les 4 à 6 heures.
- Expliquer aux parents qu'il est préférable de donner systématiquement et régulièrement, plutôt qu' « en fonction de la douleur »
Antalgique de palier 3
- si la douleur est intense ou persiste malgré un traitement bien donné : voir [prescrire un antalgique de palier III]
- morphine per os, à la posologie de 0,2 mg/kg/prise, sans dépasser 6 prises par 24 heures
- Actiskénan ® à la dose de 0,5 à 1mg/kg/24 h en 6 prises
- Morphine retard à libération prolongée à raison d'une prise toutes les 12 heures, si la douleur devait être prolongée
5. Soins locaux
Désinfecter des lésions à l'aide d'eau stérile fraîche additionnée de chlorhexidine aqueuse par trempage si possible.
Décoller les éventuels vêtements
En milieu hospitalier, recourir à une sédation par inhalation de MEOPA (mélange gazeux équimoléculaire d'Oxygène et de Protoxyde d'Azote) si le traitement prescrit n'a pas d'effet suffisant.
Le MEOPA est d'action rapide, réversibilité quasi immédiate, maintien de la conscience, absence d'effets secondaires importants. (Voir fiche MEOPA)
Rappel :
Un premier soin qui s'est passé dans les meilleures conditions possibles permet une prise en charge ultérieure plus facile.