La langue est un organe musculo-membrano-muqueux composé de 17 muscles. Elle occupe la partie médiane de la cavité buccale, qu'elle remplit en grande partie. Elle participe à la croissance des os membraneux péribuccaux, en particulier du maxillaire supérieur.
Le frein lingual est un trousseau fibreux plus ou moins volumineux qui siège sur la face ventrale de la langue. Fixé d'une part à la face postérieure de la symphyse et d'autre part à la pointe de la langue, il participe à la fixation de cette dernière et l'empêche de chuter en arrière.
Un certain nombre d'enfants présente une anomalie du frein lingual pouvant entraîner des répercussions tant au niveau des maxillaires que lors de l'exécution d'un certain nombre de praxies (succion, déglutition, phonation).
La brièveté du frein lingual est une pathologie dont la prévalence est variable selon les auteurs (3 à 9 % selon DAHAN) (1). Cette malformation linguale, présente à la naissance, est due à un défaut de structure se produisant pendant l'embryogenèse. Les conséquences sont diverses : de la simple tétée difficile du nourrisson, aux problèmes de langage ou aux troubles de succion déglutition. (2). Ces derniers auront des répercussions au niveau de l'articulé dentaire.
La brièveté du frein lingual limite la mobilité de la langue et la contraint à rester en position basse et trop avancée. L'ankyloglossie qui en résulte entraîne une limitation de la protraction et l'impossibilité du mouvement d'élévation de la pointe de la langue dans la concavité palatine (3).
Cette anomalie peut avoir plusieurs conséquences sur la croissance des maxillaires et la morphogenèse des arcades dentaires. Les dents étant en équilibre dans le couloir dentaire où s'annulent les pressions musculaires labio-jugo-linguales, toute pression musculaire anormale se répercute sur la forme des arcades : allongement de l'arcade inférieure, versions dentaires vestibulaires généralisées (déplacement des incisives vers l'avant), diastèmes antérieurs et latéraux (apparition d'espaces interdentaires au niveau des incisives, des canines et des molaires). Cette anomalie peut également être mise en cause dans la récidive après traitement orthodontique.