L'amblyopie se définit comme une insuffisance uni- ou bilatérale de la vision, entraînant chez l'enfant un trouble de la maturation du cortex visuel irréversible en l'absence de traitement.
On distingue différentes formes d'amblyopie.
L'amblyopie organique :
- secondaire à une anomalie organique située à un niveau quelconque du système visuel, œil ou voies optiques (exemples : rétinoblastome, cataracte ou glaucome congénital, souffrance cérébrale néonatale ...).
L'amblyopie de privation :
- par absence de stimuli visuels atteignant la rétine, liée à un obstacle sur le trajet des rayons lumineux (exemples : ptôsis, hémangiome palpébral, occlusion ...).
L'amblyopie fonctionnelle :
- secondaire à un strabisme, un nystagmus, ou un trouble de réfraction (encore appelé amétropie).
- Cette amétropie peut être soit plus ou moins égale sur les deux yeux, soit très différente ; on parle alors d'anisométropie, source d'amblyopie.
- L'amblyopie fonctionnelle peut être unilatérale ( strabisme, anisométropie ), ou bilatérale (nystagmus, fortes amétropies)
L'amblyopie mixte :
- avec tous les intermédiaires possibles entre les formes précédentes.
L'amblyopie nécessite d'être dépistée et traitée précocement, si possible avant l'age de 4 ans, ce qui permet une guérison dans la grande majorité des cas. Au delà de 6 ans, le traitement est plus fréquemment voué à l'échec, et sera surtout plus long et pénible.
Ce dépistage se justifie :
- Par la prévalence élevée des facteurs amblyogènes, surtout strabisme (3 à 4 %) et amétropie (2 %) car, de plus, ces facteurs amblyogènes sont pour la plupart accessibles à un traitement efficace ;
- Par l'irréversibilité de l'amblyopie au-delà d'une période déterminée, dite période sensible, la maturation du système visuel se terminant en général vers 6 à 7 ans.
D'où l'intérêt de connaître les situations à risque et les signes d'appel d'un trouble visuel, pour tous les professionnels de santé de la petite enfance. Il faut en particulier insister sur le dépistage de l'amblyopie unilatérale, qui peut facilement passer inaperçu, l'enfant gardant alors un comportement visuel normal.
Les principales situations à risque d'amblyopie sont :
- La prématurité surtout si inférieure à 32 semaines ou si complications ;
- Le faible poids de naissance inférieur à 2500 grammes ;
- Les antécédents familiaux de strabisme, de troubles majeurs de la réfraction, de malvoyance remontant à la petite enfance...
- Les expositions in utero à la cocaïne, au tabac, à l'alcool ;
- L'infirmité motrice cérébrale ou autres troubles neuromoteurs ;
- Certaines anomalies chromosomiques, malformations faciales, embryofoetopathies ...
Dans ces situations à risque, un bilan ophtalmologique est conseillé entre 6 mois et 1 an, même sans signes d'appel, voire dés la naissance en cas de forte prématurité avec risque de rétinopathie.
Les signes d'appel d'une amblyopie :
Avant l'âge de 6 mois:
- L'absence d'intérêt pour les stimuli visuels, de mimiques, de sourire
- L'absence des réflexes psycho-visuels :
* Dès les premiers jours: clignement à la lumière vive
* > 1 mois: réflexe de fixation
* > 3-4 mois: réflexe de clignement à la menace, de poursuite
* > 4-5 mois: préhension. - Signes d'alerte: torticolis, l'association larmoiement-photophobie pouvant évoquer un glaucome congénital, plafonnement ou errance du regard, signe digito-oculaire.
De 6 mois à l'âge verbal:
- Idem +
- Maladresse: l'enfant chute, trébuche, se cogne...
- Plissements oculaires, se rapproche de la télé...
A l'âge verbal:
- Idem +
- Plaintes diverses: picotements, brûlures..., gêne visuelle, diplopie, maux de tête rythmés par les efforts visuels