Les troubles des conduites sexuelles sont de nature très différente chez l'enfant et l'adolescent. Dans les deux cas cependant, la différence normal - pathologique est souvent plus difficile à cerner que chez l'adulte car la personnalité du sujet reste en construction. En tout cas, les signes présentés doivent toujours être analysés en prenant en compte l'âge et la phase de développement dans laquelle se situe l'enfant, ainsi que les évènements de vie qu'il traverse puisque ceux-ci influencent fortement ses mécanismes de défenses et son évolution globale car il demeure très dépendant de la qualité des interactions avec ses parents.
Dans l'enfance
La problématique reste centrée par la construction de l'identité sexuée et sexuelle, ce que montre l'enfant pouvant s'amender ou au contraire se fixer en fonction des réactions parentales.
Le bébé :
- Certains parents s'interrogent sur la nature pathologique d'érection chez le garçon ou de conduite de frottement des cuisses chez la fille, généralement constatés lors des changes.
- Ces phénomènes sont « physiologiques » et, une fois l'explication donnée aux parents, ceux-ci sont généralement rassurés.
- Parfois au contraire, ils interprètent ces manifestations comme des essais de séduction de la part de leur bébé, voir de perversion ou bien encore craignent qu'il n'ait subit des abus sexuels. Il faut alors être vigilant : c'est davantage les parents qui posent ici problème dans leur rapport au sexuel en général, car ils projettent sur leur bébé des éléments ne correspondant pas du tout à la nature des manifestations qui sont ici simplement naturelles (éveil du corps en général, prise de plaisir par toutes les zones corporelles) et pas encore véritablement génitalisées (pas de plaisir de nature sexuel inscrit dans une relation de séduction).
- Le risque est, si l'on n'aide pas les parents à comprendre leurs propres projections, que des troubles de l'intégration du sexuel dans la vie générale de l'enfant se construisent (troubles de l'identité sexuée, problématiques hystériques, inhibition sexuelles etc.).
La phase oedipienne :
- L'enfant, en même temps qu'il comprend ce que représente le fait d'être un garçon ou une fille (rôle dans la sexualité et dans la procréation), se confronte à un certain deuil puisqu'il doit comprendre et accepter que ses parents vivent une relation amoureuse qui inclut la sexualité, alors que celle qu'ils entretiennent avec lui en sera toujours dénuée (tabou de l'inceste).
- Cette période est conflictuelle, car difficile émotionnellement pour l'enfant qui doit renoncer à une relation teintée de toute puissance (« je garde maman ou papa pour moi tout seul ») et entrer dans le monde social (l'école maternelle) en assumant sa position de sujet sexué (jeux différenciés etc.).
- Les jeux des enfants sont souvent les témoins de cette phase complexe (jeu du docteur, du papa et la maman etc.), et mettent en scène leur besoin d'observation du sexe de l'autre, ce qui n'est pas pathologique (pas de violence ou de maîtrise).
- Certains enfants montrent alors une certaine attirance pour le sexe de l'autre, attirance qui ne se situe pas dans un désir de séduction habituel, mais dans une volonté d'appropriation. Par exemple, un garçon n'aime jouer qu'à la poupée, ne se déguise qu'en princesse et refuse tout jeu avec d'autres compagnons que des filles (la plupart des garçon peuvent avoir ce genre de jeu, voire même mimer un grossesse dans un jeu, au moment où ils apprivoisent les réalités de la sexualité parentale, mais ceci est transitoire et pas systématique). Ceci peut rendre compte de sa difficulté à entrer dans la vie de « grand » en trouvant une juste place (celle d'un enfant devant trouver, plus tard, un objet sexuel en dehors de la famille et conforme à son sexe). Ce genre de problématique reste fondamentalement en lien avec le regard que les parents ont porté et portent sur lui (par exemple, difficulté pour une mère d'avoir un garçon, alors que son compagnon l'a quittée pendant la grossesse et qu'elle ne s'en remet pas, etc.). Dans d'autre cas, rares, c'est le corps qui a posé d'emblée ou pose problème (ambiguïté sexuelle à la naissance, obésité etc.).
- Dans d'autres cas, l'enfant va se montrer particulièrement excité ou préoccupé par la sexualité (en parler, trop, de façon crue ou décalée, attitudes de séduction active de l'adulte ; jeux sexuels violents à l'école, mimant des actes sexuels d'adulte, fellation, etc.) ce qui pourra être le signe d'une souffrance à analyser : attouchements sexuels ; inceste ; simple trop grande proximité d'un des parents avec lui, parent qui ne parvient pas à le voir grandir ; visualisation de films pornographiques... Parfois, au contraire dans ces cas, l'enfant contre-investit le secteur sexuel et semble inhibé et sans demande aucune à ce sujet (questions habituelle autour de la naissance des bébé, de la sexualité des parents etc.).
Dans l'adolescence
Le début de la vie sexuelle active peut être chaotique, sans que cela ne détermine forcément un avenir sexuel pathologique.
- Certains adolescents semble « sauter » dans leur sexualité en brûlant la chandelle par les deux bouts (liens homosexuels, hétérosexuels, multiplicité des relations) puis se détermine secondairement en trouvant leur propre façon de vivre en harmonie leurs pulsions sexuelles sans développer de troubles inquiétants ni trop se mettre en danger.
- D'autres, qui généralement n'ont pas passé leur oedipe de façon confortable et semblent encore bloqués dans une problématique infantile à ce sujet (difficulté à sortir de la famille etc.), peuvent s'enfoncer progressivement dans des troubles souvent associés à des vécus dépressifs, à des passages à l'acte divers (fugues, vol, agitation, colères, désinvestissement scolaire etc.) ou / et à des troubles addictifs (troubles alimentaires, toxicomanie etc.). Ces troubles sont centrés par des aménagements pervers (sadisation de l'autre dans les relations sexuelles vécues comme un lieu de maîtrise et d'emprise ; position au contraire masochique dans ce type de relation etc.) ; des troubles de l'identité sexuée (rares trans-sexualismes) ; la mise en place d'une sexualité débridée, sans protection (HIV), pouvant, au gré des rencontre, devenir dangereuse et destructrice (prostitution, etc.).