Progressivement, le sommeil de l'adolescent devient comparable à celui de l'adulte. Le temps de sommeil total diminue, il est en moyenne de 8 heures, et l'heure du lever étant réglée par les horaires scolaires, c'est l'heure du coucher qui est retardée, pour se situer, normalement entre 22h30 et 23 heures.
Dans des conditions normales, cette diminution physiologique de la durée totale de sommeil se fait aux dépends du sommeil lent profond, tandis que le sommeil lent léger augmente et que le sommeil paradoxal reste stable. Comme conséquence directe de cette diminution du sommeil lent profond, l'énurésie nocturne disparaît ainsi que les accès de somnambulisme, le jeune se réveillant plus facilement en sommeil léger.
Avant de parler d'insomnie et d'une étiologie psychologique, il est nécessaire d'éliminer une cause organique.
Réveils nocturnes douloureux
- Les céphalées, les douleurs osseuses ou abdominales qui réveillent et ne se calment pas rapidement ou se répètent justifient un bilan complémentaire.
Les apnées du sommeil
- Elles se traduisent par un ronflement bruyant, le sommeil est entrecoupé de multiples réveils (à l'occasion de chaque apnée) et le patient a l'impression de ne pas avoir eu un sommeil récupérateur, d'être fatigué le matin au réveil.
- Il a tendance à s'endormir systématiquement devant la télévision, en lisant, parfois en classe.
- Les apnées du sommeil peuvent s'accompagner d'une prise de poids (l'obésité en étant aussi responsable), de troubles de la mémoire et de l'attention et d'irritabilité.
Les parasomnies
- Elles ont tendance à disparaître à l'adolescence du fait de l'allègement du sommeil profond.
- La survenue d'accès de somnambulisme, s'ils s'accompagnent de terreurs, doit faire pratiquer un EEG, à la recherche d'une épilepsie.
La somnolence diurne excessive
La somnolence diurne excessive traduit souvent un mauvais sommeil et est la plainte principale du patient lorsque la quantité de sommeil nocturne est supérieure à 8 heures, elle doit faire évoquer 3 diagnostics :
- La narcolepsie qui associe des accès de sommeil incontrôlables, quotidiens, alors que la quantité de sommeil nocturne est normale voire augmentée, des attaques de cataplexie, des hallucinations hypnagogiques et des paralysies du sommeil.
- Le syndrome des jambes sans repos est rare chez l'adolescent et se traduit par des douleurs dans les jambes et des mouvements brusques et incontrôlables des membres inférieurs.
- Le syndrome de somnolence diurne excessive entraîne une fatigue intense et une somnolence pendant plusieurs semaines parfois à la suite d'une infection virale.
Les insomnies
- Elles peuvent être relatives et lorsqu'elles ne s'accompagnent pas de difficultés d'endormissement, elles peuvent simplement venir traduire une constitution de petit dormeur.
- Chez l'adolescent, il faudra questionner sur l'hygiène de vie et la prise d'excitants : café, tabac, alcool.
- Une consommation excessive d'écrans (télévision, jeux vidéo, ordinateur, Internet) tout en étant l'apanage de l'adolescence peu réduire largement le temps de sommeil. Il est souvent difficile, devant une plainte de l'adolescent, de faire la part d'une insomnie vraie, de difficultés d'endormissement subjectives, de la somnolence diurne.
- Les insomnies avec des difficultés d'endormissement traduisent une anxiété parfois mise en relation avec des difficultés familiales ou scolaires.
- Les réveils nocturnes prolongés ou les insomnies du petit matin sont rares et lorsqu'elles se répètent plusieurs fois par semaine et pendant plusieurs semaines sans cause relationnelle franche, sont à considérer avec beaucoup d'attention car elles peuvent traduire des désordres d'origine psychiatrique plus sévères.
- Un épisode dépressif est souvent à l'origine des troubles du sommeil et doit être recherché et nommé devant l'adolescent : « Te sens-tu déprimé ? ». Outre des troubles du sommeil, l'impression d'avoir un sommeil peu réparateur et accompagné de mauvais rêves ou de cauchemars, le jeune se plaindra d'un désintérêt pour la vie scolaire et familiale, il s'isole, il a peu d'amis, il est triste, se confie difficilement.
Le syndrome de retard de phase de l'adolescent
- C'est un syndrome très caractéristique de cet âge qui touche 7% des adolescents, qui se traduit par un retard progressif de l'heure du coucher, une diminution des heures de sommeil et des difficultés pour se lever qui peuvent conduire à un absentéisme scolaire.
- L'adolescent se couche vers 1h ou 2 heures du matin, l'heure du lever est très variable et se décale beaucoup pendant les jours de congé et le week-end.
- Une somnolence diurne gène les apprentissages.
- Il peut révéler une anxiété, des difficultés familiales, sociales et scolaires, voire des désordres psychologiques plus graves.