L'hypersensibilité alimentaire (HA) que nous continuerons d'appeler allergie alimentaire (AA) obéit (théoriquement) à une nouvelle classification dite de l'ombrelle [Nouvelle nomenclature en allergologie].
L'AA IgE-dépendante sera la seule que nous développerons dans cette fiche car elle est de très loin la plus fréquente et la plus importante.
Elle se caractérise par les symptômes suivants (1) :
- Cutanéo-muqueux (urticaire localisée ou généralisée, angio-oedème, poussées d'eczéma, dermites de contact)
- Digestifs (syndrome d'allergie orale, nausées, vomissements, dysphagie, douleurs abdominales, diarrhée)
- Respiratoires (spasme laryngé, stridor, bronchospasme)
- Anaphylaxie aiguë qui peut être préléthale ou léthale.
Ces symptômes surviennent de quelques minutes à quelques heures (moins de 3-4 heures) après l'ingestion, la manipulation d'aliments ou l'inhalation de particules alimentaires.
D'autres modes d'introduction ont été décrits : il s'agit d'allergies par procuration comme le contact cutané, l'injection ou des modalités moins connues mais probablement plus fréquentes qu'on ne le croit comme le syndrome des allergies induites par le baiser [Quelques précisions sur le syndrome d'allergie induite par le baiser].
L'effort suivant l'ingestion d'aliments :
- Peut déclencher une anaphylaxie aiguë (Anaphylaxie Induite par l'Effort Physique et l'Ingestion d'Aliments, AIEPPIA).
- Il s'agit d'une réaction IgE dépendante, post prandiale, qui ne s'exprime qu'à l'effort, l'aliment en cause est variable mais la farine de blé est l'allergène le plus souvent cité.
Les réactions croisées :
- Sont devenues des entités courantes.
- Citons les associations pollinoses et manifestations orales à l'ingestion de fruits ou de légumes comme les syndromes «bouleau-pomme», «bouleau-céleri- armoise», «fruits-latex» ou «acariens-escargots»
Aux frontières de l'AA :
- A coté de ces pathologies dans lesquelles le mécanisme humoral est prépondérant, il existe d'autres affections ou l'IgE dépendante reste absente ou au second plan par rapport à l'implication cellulaire, lymphocytaire.
- On est dans le cadre de l'hypersensibilité non allergique décrite dans «l'ombrelle», anciennement hypersensibilité retardée.
- C'est dans ce chapitre que peuvent s'inscrire certains eczémas et les pathologies dites à éosinophiles du tube digestif [Voir la fiche "Allergie aux protéines du lait de vache"].
L'AA est à distinguer des fausses AA :
- Par ingestion d'aliments histamino-libérateurs, riches en histamine, ou riches en histidine qui se transforme en histamine sous l'action de bactéries lors d'une conservation défectueuse (scombroïdose) [Vraies et fausses allergies alimentaires].
- Cette distinction très fructueuse entre vraies et fausses allergies alimentaires ne mérite pas d'être remplacée par la classification de l'ombrelle, trop simpliste, et qui s'applique selon le même schéma à l'asthme, à la rhinite, à l'urticaire, etc. [Vraies et fausses allergies alimentaires].
- Bien que leurs symptômes soient sensiblement les mêmes, l'AA vraie et les fausses AA sont à distinguer : rien à voir entre la scombroïdose (qui ne récidivera pas) et l'allergie vraie au poisson (qui récidivera) [Voir la fiche "Allergie aux fruits de mer"].